Les “Temps des Gentils” Reconsidérés – Introduction
Introduction
J’AI pris la décision de publier ce traité suite à une série d’événements parfois bouleversants et sources de désillusion qui pourraient remplir tout un livre. Cependant, pour des raisons de place, ces événements ne seront évoqués ici que brièvement.
On enseigne aux Témoins de Jéhovah qu’ils doivent avoir une entière confiance dans la Société Watch Tower et ses dirigeants. Cependant, vers la fin de la période de 26 années pendant laquelle j’ai été un Témoin actif, j’ai senti monter en moi les signes indiquant que cette confiance était mal placée. J’avais espéré jusqu’au bout que les dirigeants de l’organisation accepteraient honnêtement les faits à propos de leur chronologie, même si ceux-ci devaient porter un coup fatal à certaines de leurs doctrines fondamentales et aux assertions propres à leur mouvement. Mais lorsque j’ai fini par comprendre que les dirigeants de la Société – apparemment pour des raisons de politique organisationnelle ou “ ecclésiastique ” – étaient déterminés à perpétuer ce qui n’est finalement qu’une tromperie touchant des millions de personnes, et ce en taisant des informations qu’ils considéraient
et continuent à considérer comme embarrassantes, il m’a semblé que je ne pouvais faire autrement que de publier ce que j’avais découvert, offrant ainsi à tous ceux qui se soucient de la vérité la possibilité d’examiner les preuves et de tirer leurs propres conclusions.
Chacun de nous est responsable de ce qu’il sait. Si une personne possède une information dont d’autres ont besoin pour bien comprendre dans quelle situation ils se trouvent – information qui, de surcroît, leur est cachée par leurs dirigeants religieux –, alors il serait moralement mauvais de garder le silence. Il est du devoir de cette personne de rendre cette information disponible pour tous ceux qui veulent connaître la vérité, peu importe comment celle-ci pourra apparaître. C’est pour cela que ce livre a été publié.
Le rôle de la chronologie dans la doctrine de la Société Watch Tower
Peu de personnes connaissent vraiment le rôle tout à fait fondamental que joue la chronologie dans les prétentions et les enseignements de la Société Watch Tower. Beaucoup de Témoins de Jéhovah, même, ne sont pas totalement conscients du lien indissoluble qui existe entre la chronologie de la Société et le message qu’ils prêchent de porte en porte. Confrontés aux nombreuses preuves qui contredisent cette chronologie, certains Témoins ont tendance à en minimiser l’importance et font comme s’ils pouvaient en quelque sorte s’en passer. “ La chronologie n’est pas si essentielle que cela, après tout ”, disent-ils, et beaucoup d’entre eux préfèrent ne jamais aborder ce sujet. Dans ce cas, quelle importance la chronologie revêt-elle pour la Société Watch Tower ?
Un examen des faits démontre qu’elle constitue le fondement même des assertions et du message de ce mouvement.
La Société Watch Tower déclare être le “ seul canal ” et “ porteparole ” de Dieu sur la terre. Voici en résumé ses enseignements les plus caractéristiques : elle affirme que le royaume de Dieu a été établi dans les cieux en 1914, que les “ derniers jours ” ont commencé cette année-là, que Christ est revenu à cette époque de façon invisible pour “ inspecter ” les religions chrétiennes, et qu’il les a finalement toutes rejetées à l’exception de la Société Watch Tower et de ceux qui lui étaient associés. Il aurait ensuite désigné cette même Société en 1919 comme son unique “ instrument ” sur la terre.
Pendant environ 70 ans, la Société a employé les paroles de Jésus sur “ cette génération ”, que l’on trouve en Matthieu 24.34, pour enseigner clairement et de façon inflexible que la génération de 1914 ne passerait absolument pas avant que n’arrive la fin lors de la “ bataille d’Har-Maguédôn ”, au cours de laquelle tous les humains en vie seraient détruits pour toujours, à l’exception des membres actifs de l’organisation des Témoins de Jéhovah. Des milliers d’entre eux, faisant partie de la “ génération de 1914 ”, espéraient vraiment voir ce jour de jugement et y survivre, pour vivre ensuite éternellement dans le paradis sur la terre.
À mesure que passaient les décennies, laissant 1914 de plus en plus loin dans le passé, il devint chaque année plus difficile de défendre cette idée. Au bout de 80 ans, cet enseignement devint virtuellement absurde. C’est pourquoi, dans la Tour de Garde du 1er novembre 1995 (pages 10 à 21), parut une nouvelle définition de l’expression “ cette génération ”, définition qui permettait à l’organisation de la “ dissocier ” de 1914 en tant que point de départ. En dépit de cet énorme changement, les dirigeants des Témoins de Jéhovah continuèrent à retenir la date de 1914 ; en fait, ils ne pouvaient faire autrement sans démanteler leurs principaux enseignements au sujet de la “ seconde présence ” du Christ, du début du “ temps de la fin ” et du choix de leur organisation en tant que seul instrument entre les mains de Christ ainsi que comme unique canal de Dieu sur la terre. Ils reconnaissent maintenant que “ cette génération ” est définie par ses caractéristiques plutôt que par une période de temps (avec un point de départ bien particulier), mais ils ont trouvé un moyen d’inclure 1914 dans leur nouvelle définition. Ils y sont parvenus en incluant dans la définition un facteur ajouté arbitrairement, à savoir que la “ génération ” est composée des “ peuples de la terre qui voient le signe de la présence du Christ mais ne redressent pas leurs voies ”, ce qui les conduit à la destruction. (Souligné par l’auteur.) Étant donné que l’enseignement officiel dit toujours que le “ signe de la présence du Christ ” est devenu visible à partir de 1914, cela leur permet de continuer à prétendre que cette date est essentielle pour définir “ cette génération ”.
Tous ces facteurs, donc, témoignent du rôle particulièrement crucial que joue 1914 dans l’enseignement de la Société Watch Tower. Étant donné que la date elle-même n’est manifestement pas mentionnée dans les Écritures, quelle en est l’origine?
Elle est le produit d’un calcul chronologique selon lequel les “ temps des Gentils ” ou “ temps des nations ”, mentionnés par Jésus en Luc 21.24, constituent une période de 2 520 ans qui a commencé en 607 av. n. è. et s’est terminée en 1914 de n. è.[1] Ce calcul est le véritable fondement du principal message du mouvement. Ce dernier enseigne même que l’évangile chrétien, la “ bonne nouvelle du royaume ” (Matthieu 24.14), est étroitement associé à cette chronologie. Par conséquent, l’évangile prêché par les autres chrétiens n’a jamais été le véritable évangile. Ainsi pouvait-on lire ceci dans La Tour de Garde du 1er août 1981, page 17:
“Que le lecteur honnête compare la façon dont les systèmes religieux de la chrétienté ont prêché l’Évangile au fil des siècles et celle dont les Témoins de Jéhovah le prêchent depuis 1918. Ce sont deux façons très différentes. Ce que les Témoins de Jéhovah prêchent est vraiment un ‘ évangile ’, c’est-à-dire une ‘ bonne nouvelle ’, comme lorsqu’ils annoncent que le Royaume de Dieu a été établi dans les cieux lors de l’intronisation de Jésus Christ à la fin des temps des Gentils en 1914.” [Souligné par l’auteur.]
Conformément à ce qui précède, La Tour de Garde du 1er août 1982 déclare que “ les Témoins de Jéhovah sont les seuls à annoncer aujourd’hui cette ‘ bonne nouvelle ’ ” (page 10). Un Témoin de Jéhovah qui tenterait de minimiser le rôle joué par la chronologie dans les enseignements de la Société ne réaliserait tout simplement pas qu’il (ou elle) saperait radicalement le principal message du mouvement. Ce genre de “ minimisation ” n’est pas autorisée par les dirigeants de la Watch Tower. Au contraire, La Tour de Garde du 1er avril 1983 (page 11) affirme que “ l’achèvement des temps des Gentils à la fin de 1914 demeure, sur le plan historique, l’une des réalités fondamentales relatives au Royaume, vérité à laquelle nous devons aujourd’hui rester attachés. ”[2]
La dure réalité est que la Société Watch Tower considère le rejet de la chronologie aboutissant à 1914 comme un péché aux conséquences fatales. Elle dit que l’établissement du royaume de Dieu à la fin des temps des Gentils en 1914 est “ [l’événement] le plus important de notre temps, auprès duquel tous les autres sont insignifiants ”[3] Quant à ceux qui rejettent ces calculs, ils encourent la colère divine. Parmi eux figure le “ clergé de la chrétienté ” et ses membres, dont il est dit qu’ils ont rejeté le royaume de Dieu et qu’ils seront “ détruit[s] au cours de la ‘ grande tribulation ’ maintenant très proche ”, parce qu’ils ne souscrivent pas à cette date[4] Les Témoins de Jéhovah qui remettent ouvertement en question ou abandonnent ces calculs courent le risque d’être traités avec la plus grande sévérité. S’ils ne se repentent pas et ne changent pas d’avis, ils seront exclus et classés parmi les “ apostats ” méchants qui, s’ils “ meurent sans s’être repentis, […] vont […] dans la Géhenne ”, sans aucun espoir de résurrection.[5] S’ils continuent à croire en Dieu, à la Bible et en Jésus Christ, cela ne fait pas de différence. Quand un lecteur de La Tour de Garde a écrit pour demander : “ Pourquoi les Témoins de Jéhovah ont-ils exclu (excommunié) pour apostasie des personnes qui pourtant affirment croire en Dieu, à la Bible et en Jésus Christ? ”, la Société a répondu, entre autres choses:
Pour être accepté comme un compagnon agréé des Témoins de Jéhovah, il faut adhérer à l’ensemble des vérités bibliques, y compris aux croyances basées sur les Écritures qui sont spécifiques des Témoins. En voici quelques unes : […] En 1914, les temps des Gentils ou des nations ont pris fin, le Royaume de Dieu a été établi dans les cieux et la présence annoncée du Christ a commencé. [Souligné par l’auteur.][6]
Ainsi, nul ne peut être approuvé par la Société comme Témoin de Jéhovah s’il rejette les calculs selon lesquels les “ temps des Gentils ” ont expiré en 1914. En fait, même ceux qui abandonnent secrètement la chronologie de la Société et pensent pouvoir être encore considérés formellement comme Témoins de Jéhovah ont, en réalité, rejeté le message essentiel de la Watch Tower. Selon les propres critères de l’organisation, ils ne font, de fait, plus partie du mouvement.
Le point de départ de ces recherches
Par conséquent, il n’est pas facile pour un Témoin de Jéhovah de remettre en question la validité de ces calculs prophétiques. Pour beaucoup de croyants, particulièrement au sein d’un système religieux fermé comme l’est l’organisation des Témoins, le système doctrinal fonctionne comme une sorte de “ forteresse ” à l’intérieur de laquelle ils peuvent chercher un abri sous la forme d’une certaine sécurité spirituelle et émotionnelle. Si une partie quelconque de cette structure doctrinale est remise en question, ces croyants-là ont tendance à réagir de manière très émotive ; ils se mettent sur la défensive, pressentant que leur “ forteresse ” est attaquée et que leur sécurité est menacée. Ce mécanisme de défense fait qu’il leur est très difficile d’écouter et d’examiner objectivement les arguments qui leur sont proposés. Sans qu’ils le veuillent, leur besoin de sécurité au plan émotif est devenu pour eux plus important que leur respect pour la vérité.
Il est extrêmement difficile de contourner cette attitude défensive si courante chez les Témoins de Jéhovah pour trouver un esprit ouvert et attentif, particulièrement lorsqu’un dogme fondamental comme la chronologie des “ temps des Gentils ” est remis en question. Effectivement, le fait de remettre en question cette chronologie ébranle les fondements mêmes du système doctrinal des Témoins. Il en résulte que ceux-ci, à tous les niveaux, deviennent agressifs et se mettent sur la défensive. J’ai souvent eu l’occasion d’observer de telles réactions depuis 1977, quand j’ai présenté pour la première fois les matières exposées dans ce livre au Collège central des Témoins de Jéhovah.
La présente étude a commencé en 1968. À cette époque, j’étais “ pionnier ” ou prédicateur à plein temps des Témoins de Jéhovah. Au cours de mon ministère, un homme avec qui je conduisais une étude biblique m’a mis au défi de prouver que la date de 607 av. n. è., choisie par la Société Watch Tower comme celle de la désolation de Jérusalem par les babyloniens, était exacte. Il me montra que tous les historiens indiquaient que cet événement avait eu lieu environ 20 ans plus tard, en 587 ou 586 av. n. è. J’étais parfaitement au courant de cela, mais l’homme voulait savoir pourquoi les historiens préféraient cette dernière date. Je répondis que leur date n’était sûrement qu’une supposition, basée sur des sources et des documents anciens et défectueux. Comme d’autres Témoins, je tenais pour établi que la Société, en situant la désolation de Jérusalem en 607 av. n. è., s’appuyait sur la Bible et ne pouvait donc pas être inquiétée par ces sources profanes. Je promis néanmoins à l’homme que j’allais examiner la question.
En conséquence, j’ai entrepris des recherches qui se sont révélées être beaucoup plus importantes et profondes que je ne l’avais cru de prime abord. Ces recherches se sont prolongées périodiquement sur plusieurs années, de 1968 à la fin de 1975. À ce moment-là, le poids grandissant des preuves contre la date de 607 av. n. è. m’obligea à conclure – non sans réticence – que la Société Watch Tower avait tort.
Par la suite, pendant quelque temps après 1975, j’ai discuté de ces arguments avec certains de mes amis eux aussi passionnés de recherches. Puisque aucun d’eux ne pouvait réfuter les preuves contenues dans toutes les données que j’avais réunies, je décidai de développer un traité consacré à cette question, traité composé avec méthode et que je destinai à être envoyé au siège mondial de la Société Watch Tower à Brooklyn, aux États-Unis.
Ce traité fut préparé et envoyé au Collège central des Témoins de Jéhovah en 1977. Basé sur ce document, le présent ouvrage a été révisé et augmenté en 1981, puis publié en 1983 en anglais. Depuis lors, de nombreuses découvertes et observations nouvelles en rapport avec ce sujet ont été faites, et les plus importantes d’entre elles ont été incorporées à cette nouvelle édition. Ainsi, aux sept preuves contre la date de 607 av. n. è. présentées dans la 1re édition anglaise, sont maintenant venues s’ajouter dix autres preuves.
Correspondance avec le siège de la Société Watch Tower
C’est en 1977 que j’ai commencé à correspondre avec le Collège central au sujet de mes recherches. Il est rapidement devenu évident que les membres de ce collège étaient incapables de réfuter les preuves produites. En fait, il n’y eut aucune tentative dans ce sens avant le 28 février 1980. Cependant, dans le même temps, on m’avertissait sans arrêt de ne pas révéler à d’autres personnes ce que j’avais découvert. Par exemple, je trouvai l’avertissement suivant dans une lettre du Collège central datée du 17 janvier 1978:
Cependant, il importe peu que l’argumentation en faveur de ces idées soit puissante. Il faut, pour l’instant, les considérer comme ton point de vue personnel. Tu ne devrais pas parler de ces choses ni les promouvoir auprès des autres membres de la congrégation.[7]
Plus tard, ils me dirent dans un lettre datée du 15 mai 1980:
Nous sommes sûrs que tu comprends qu’il ne serait pas approprié que tu commences à faire connaître tes opinions et tes conclusions sur la chronologie qui sont différentes de celles publiées par la Société, soulevant ainsi de graves questions ainsi que des problèmes parmi les frères.[8]
J’ai accepté ces conseils, car on me donnait l’impression que mes frères spirituels, au siège mondial de la Société, avaient besoin de temps pour réexaminer soigneusement le sujet dans son ensemble. Dans leur première réponse datée du 19 août 1977, qui avait suivi l’envoi de mon traité, ils avaient déclaré: “ Nous regrettons que la grande quantité de travail que nous avons ne nous ait pas permis jusqu’à présent de lui accorder l’attention voulue. ” Ils écrivirent aussi dans leur lettre du 17 janvier 1978:
Nous n’avons pas encore eu l’occasion d’examiner ce texte, car d’autres sujets urgents occupent notre attention. Cependant, nous l’étudierons lorsque nous en aurons l’occasion. […] Tu peux avoir l’assurance que tes idées seront examinées par des frères responsables […]. Nous espérons étudier ton traité en temps utile et en évaluer le contenu.
Si l’on en juge d’après ce qui précède et d’autres déclarations semblables, les responsables de la Société Watch Tower, au siège de Brooklyn, semblaient être prêts à examiner honnêtement et objectivement les données qui leur avaient été présentées. Très peu de temps après, cependant, cette affaire prit une tournure bien différente.
Interrogatoire et diffamation
Au début du mois d’août 1978, Albert Schroeder, membre du Collège central, tint une réunion en Europe avec des représentants des filiales européennes de la Société Watch Tower. Au cours de cette réunion, il déclara à l’auditoire qu’une campagne était menée, à la fois de l’intérieur et de l’extérieur du mouvement, pour démanteler la chronologie de la Société concernant la période allant de 607 av. n. è. à.[9] Il ajouta que la Société, cependant, n’avait pas l’intention d’abandonner sa chronologie.
Traduction
Nous avons bien reçu ta lettre du 12 décembre 1977, ainsi que le traité que tu as préparé, intitulé “The Gentile Times Reconsidered”.
Nous n’avons pas encore eu l’occasion d’examiner ce texte, car d’autres sujets urgents occupent notre attention. Cependant, nous l’étudierons lorsque nous en aurons l’occasion.
Nous apprécions ta sincérité en ce que tu cherches à exprimer tes idées. Cependant, il importe peu que l’argumentation en faveur de ces idées soit puissante. Il faut, pour l’instant, les considérer comme ton point de vue personnel. Tu ne devrais pas parler de ces choses ni les promouvoir auprès des autres membres de la congrégation. Nous disons ceci parce que tu déclares dans ta lettre que plusieurs frères ont examiné ton traité et que “nous attendons tous vos commentaires avec beaucoup d’impatience”.
Comme tu peux le comprendre, ce que tu déclares dans ton traité équivaut à une déviation radicale par rapport à la façon dont les Témoins de Jéhovah comprennent actuellement la chronologie. Nous sommes certains que tu peux comprendre que si d’importants changements devaient être faits, ils ne pourraient l’être que de manière ordonnée, comme lorsque, au premier siècle, une direction centrale a été donnée (Actes 15:1, 2). Nous sommes également certains que tu comprendras que le fait, pour des individus, d’avancer et de promouvoir de tels changements n’aurait pas un effet unificateur, mais apporterait la division et la confusion. Nous mentionnons cela parce que le traité, sur la première page, contient une déclaration selon laquelle il a été “préparé par des Témoins de Jéhovah, pour les Témoins de Jéhovah”. Dire que quelque chose est “préparé par des Témoins de Jéhovah” implique que cette chose a reçu l’approbation des Témoins de Jéhovah en tant que groupe, et nous sommes sûrs que tu réalises que ce n’est pas le cas de ce traité. Ceci pourrait donner une fausse impression, et nous sommes confiants que tel n’est pas ton désir. Tu peux avoir l’assurance que tes idées seront examinées par des frères responsables, et que si un changement doctrinal devait être fait un jour, il le serait par les voies appropriées. Ceci est important pour préserver l’unité de l’organisation de Jéhovah.
Nous espérons que tu observeras les conseils donnés plus haut. Nous espérons étudier ton traité en temps utile et en évaluer le contenu.
Sois assuré de notre amour chaleureux et de nos sentiments les meilleurs.
Tes frères,
Watch Tower B. & T. Society of Pennsylvania
[sceau]
Pour le Comité de rédaction du Collège central
Trois semaines plus tard, le 2 septembre, j’étais convoqué pour une audition devant deux représentants de la filiale suédoise de la Société Watch Tower: Rolf Svensson, l’un des deux surveillants de district du pays, et un surveillant de circonscription, Hasse Hulth. On m’a dit que la filiale de la Société les avait mandatés pour tenir cette audition parce que “ les frères ” du siège de Brooklyn se faisaient beaucoup de souci au sujet de mon traité. On me conseilla encore une fois de ne pas divulguer les informations que j’avais rassemblées. Rolf Svensson me dit aussi que la Société n’avait pas besoin que des Témoins de Jéhovah s’investissent individuellement dans des recherches de ce type, et qu’elle ne le voulait pas.
C’est en partie à cause de cette réunion que je renonçai à ma fonction d’ancien dans la congrégation locale des Témoins de Jéhovah ainsi qu’à toutes mes autres charges et privilèges, tant dans la congrégation que dans la circonscription. Je remis ces charges au moyen d’une longue lettre adressée aux anciens locaux et au surveillant de circonscription, Hasse Hulth, lettre dans laquelle j’expliquai brièvement pourquoi j’avais décidé d’adopter cette position. La nouvelle ne mit pas longtemps à se répandre parmi mes frères Témoins un peu partout dans le pays que j’avais rejeté la chronologie de la Société.
Au cours des mois suivants, on commença à me condamner – moi ainsi que d’autres qui avaient remis en cause la chronologie de la Société –, tant en privé que depuis l’estrade des Salles du Royaume (lieux de réunion des congrégations) et des assemblées de Témoins. On parla publiquement de nous en des termes des plus négatifs, nous qualifiant de “ rebelles ”, de “ présomptueux ”, de “ faux prophètes ”, de “ petits prophètes qui ont élaboré leur propre petite chronologie ”, et d’“ hérétiques ”. On a dit que nous étions des “ éléments dangereux dans les congrégations ”, de “ méchants esclaves ”, des “ blasphémateurs ”, ainsi que des “ gens immoraux et sans loi ”. Certains de nos frères Témoins, y compris des représentants itinérants de la Société Watch Tower, suggérèrent en privé que nous étions “ possédés du démon ”, que nous avions “ submergé la Société de critiques ” et que nous aurions dû “ être exclus depuis longtemps ”. Ce ne sont là que quelques exemples des propos diffamatoires qui ont été répandus, et qui continuent à l’être jusqu’à présent, bien que, pour des raisons juridiques, nos noms n’aient jamais été mentionnés publiquement.
De telles calomnies n’étaient pas un phénomène purement local mais avaient l’aval du Collège central des Témoins de Jéhovah, comme le montre le fait qu’on trouvait des déclarations identiques dans La Tour de Garde.[10]
Je ne donne pas un aperçu de la situation qui s’est alors développée dans le but de critiquer les Témoins de Jéhovah en tant que personnes. Ces gens sont généralement bons et sincères dans leurs croyances. Il s’agissait plutôt d’illustrer le fait qu’il est très facile, pour une personne, de se laisser aller sans le vouloir aux réactions psychologiques irrationnelles décrites plus haut dans cette introduction. Dans une lettre datée du 6 décembre 1978 adressée à Albert Schroeder, j’ai décrit la tournure prise par les événements et attiré son attention sur le triste fait que, bien que mon traité ait été composé avec la plus grande prudence et envoyé à la Société en toute sincérité, j’étais devenu la victime de la médisance, du dénigrement et de la diffamation:
Il est vraiment tragique d’observer comment une situation peut se développer quand l’attention n’est pas dirigée sur la question soulevée – la validité de la date de 607 av. n. è. – mais sur la personne qui l’a soulevée, et que c’est elle – et non la question – qui est considérée comme un problème ! Comment est-il possible qu’une telle situation puisse se développer dans notre mouvement?
On peut trouver la réponse à cette question (à laquelle la Société n’a jamais répondu officiellement) dans le mécanisme de défense psychologique décrit par le Dr H. Dale Baumbach:
Les individus manquant d’assurance, quand ils doivent faire face à un problème faisant ressortir ce manque d’assurance, répondent instinctivement en essayant de détruire ce qui expose leur sentiment d’insécurité ou en le refoulant dans les recoins de leur esprit.[11]
Nous espérons que le fait d’avoir connaissance de ce mécanisme de défense aidera les lecteurs qui sont associés aux Témoins de Jéhovah à examiner les preuves présentées dans ce livre en les méditant et avec un esprit ouvert.
Par la suite, la Société Watch Tower tenta de réfuter les preuves contre la date de 607 av. n. è., mais pas avant qu’un représentant spécial du Collège central en Suède n’eut écrit à la Société pour lui demander de fournir une réponse au contenu du traité qui leur avait été envoyé, disant que l’auteur attendait toujours qu’on lui réponde. Ce représentant était Bengt Hanson, coordinateur des activités de la Société en Suède.
Hanson m’avait rendu visite le 11 décembre 1979 pour discuter de la situation et, au cours de la conversation, il avait été amené à se rendre compte que c’était la preuve que j’avais présentée à la Société contre la date de 607 av. n. è. qui constituait le véritable problème, et non pas moi, mes mobiles ou mon attitude. Si les preuves à l’encontre de 607 av. n. è. étaient valides, alors il s’agissait d’un problème qui devait concerner pareillement chaque Témoin dans l’organisation. Dans de telles circonstances, mon attitude personnelle et mes mobiles
n’avaient rien à voir avec ce problème, pas plus que ceux des autres Témoins.
Suite à cela, Hanson écrivit au Collège central au début de 1980, expliquant la situation en disant que j’attendais toujours une réponse aux preuves que j’avais avancées contre leur chronologie. C’est ainsi que, presque trois ans après l’envoi de mes recherches (mieux vaut tard que jamais !), ils tentèrent, dans une lettre datée du 28 février 1980, de prendre en considération la question plutôt que celui qui l’avait posée.
Le raisonnement présenté, cependant, ne faisait que répéter des arguments déjà parus dans des publications de la Société Watch Tower, arguments dont le traité avait déjà démontré qu’ils n’étaient pas satisfaisants. Je répondis à leur argumentation dans une lettre datée du 31 mars 1980, et ajoutai deux nouvelles preuves contre la date de 607 av. n. è. Non seulement la Société avait été incapable de défendre sa position, mais les preuves contre celle-ci avaient acquis beaucoup plus de poids.
La Société ne tenta plus de s’attaquer à ce sujet avant l’été 1981, quand elle l’aborda brièvement dans un “ Appendice ” du livre “ Que ton royaume vienne ! ” (pages 186 à 189). Cette discussion n’ajouta rien de nouveau aux arguments précédemment parus; pour quiconque ayant étudié soigneusement le sujet de la chronologie ancienne, elle n’apparut que comme une médiocre tentative visant à sauvegarder, tout en dissimulant les faits, une position intenable. C’est ce que démontre le dernier chapitre du présent ouvrage, intitulé “ Tentatives pour venir à bout des preuves ”. De plus, le contenu de l’“ Appendice ” de la Société Watch Tower m’a finalement convaincu que les dirigeants de cette organisation n’étaient absolument pas disposés à laisser les faits prendre le dessus sur leurs doctrines traditionnelles fondamentales.
“ Compter sur Jéhovah ”
On peut noter que, tandis que les responsables de la Société se sentent parfaitement libres de publier n’importe quel argument en faveur de leur chronologie, ils sont allés jusqu’à essayer de maintenir les Témoins de Jéhovah dans l’ignorance totale des nombreuses preuves qui la contredisent. C’est ainsi qu’ils me demandèrent souvent de ne faire part à personne des preuves que j’avais trouvées contre la date de 607 av. n. è., et qu’ils apportèrent également leur soutien à la vague de diffamation qui s’abattit sur tous les Témoins de Jéhovah qui remirent en question la chronologie de l’organisation. Cette procédure est non seulement déloyale envers ceux-ci, mais elle l’est encore plus envers les Témoins dans leur ensemble. Ces derniers ont le droit d’entendre les arguments présentés par les deux côtés et de prendre connaissance de tous les faits. Voilà pourquoi je décidai de publier Les “Temps des Gentils” Reconsidérés.
Il est intéressant de noter que plusieurs arguments ont été proposés par des représentants de la Société Watch Tower pour justifier la position selon laquelle il ne faut pas faire connaître parmi les Témoins de Jéhovah les faits et les preuves contraires à ses enseignements. Voici l’un de ces raisonnements : Jéhovah révèle la vérité petit à petit au moyen de son “ esclave fidèle et avisé ”, que le Christ a établi “ sur tous ses biens ” (Matthieu 24.47, MN). Cet “ esclave ” s’exprime par ceux qui surveillent la rédaction et l’édition des publications de la Société Watch Tower. Il faut donc compter sur Jéhovah et, autrement dit, attendre que l’organisation publie de “ nouvelles vérités ”. Par conséquent, quiconque “ va de l’avant ” par rapport à l’organisation est présomptueux, car il pense en savoir plus que “ l’esclave fidèle et avisé ”.
Pourtant, un tel argument n’est pas valide si les suppositions de la Société au sujet de la chronologie biblique sont fausses. Comment cela ? Parce que le concept même selon lequel il est aujourd’hui possible d’identifier la “ classe de l’esclave fidèle et avisé ” que Christ, en tant que “ maître ” de la parabole contenue en Matthieu 24.45-47, a établi “ sur tous ses biens ”, repose sans équivoque possible sur un certain calcul chronologique. Or, selon ce calcul, le “ maître ” est arrivé en 1914 et a établi son esclave quelques années plus tard, en 1919. Si, comme le montre ce livre, les temps des Gentils n’ont pas pris fin en 1914, cela signifie que le Christ n’est pas revenu à ce moment-là et que les dirigeants de la Société Watch Tower ne peuvent prétendre qu’ils ont été établis “ sur tous ses biens ” en 1919. Dans ce cas, ils ne peuvent pas non plus prétendre à juste titre que Dieu leur a accordé le monopole pour ce qui est de publier “ la vérité ”.
On peut aussi noter que c’est le “ maître ” de la parabole qui, à son arrivée, décide qui est “ l’esclave fidèle et avisé ”, et non pas les esclaves eux-mêmes. Le fait, donc, pour un groupe d’individus, de s’autoproclamer “ esclave fidèle et avisé ” en l’absence du “ maître ”, s’établissant ainsi eux-mêmes sur les “ biens ” de ce dernier, est un acte extrêmement présomptueux en lui-même. D’un autre côté, un individu qui ne prétend pas occuper de position élevée peut difficilement être considéré comme présomptueux s’il publie des informations qui contredisent quelques-uns des enseignements de la Société Watch
Tower.
Bien sûr, “ compter sur Jéhovah ” est le devoir de tout chrétien. Malheureusement, la Watch Tower Bible and Tract Society – comme beaucoup d’autres mouvements apocalyptiques – a plus d’une fois “ annoncé ” que le moment était venu pour Dieu d’accomplir ses prophéties, sans considération pour les “ temps et époques ” que Dieu lui-même a choisis pour leur accomplissement. Il en est ainsi depuis le tout début de son existence dans les années 1870.
Lorsque les dirigeants de la Société Watch Tower ont enseigné avec insistance pendant environ 55 ans (de 1876 à 1931) que le Christ était arrivé invisiblement en 1874, donnaient-ils l’exemple pour ce qui est de “ compter sur Jéhovah ” ?
Quand ils enseignaient que le “ reste ” de l’église du Christ serait changé (1 Thessaloniciens 4.17) en 1878, puis en 1881, puis en 1914, puis en 1915, puis en 1918, puis encore en 1925, peut-on dire qu’ils ‘ comptaient sur Jéhovah ’ ? [12]
Quand ils enseignaient que la fin du présent système de choses arriverait en 1914, puis en 1918/1920, puis en 1925, puis vers 1941/1942, puis encore vers 1975, ‘ comptaient-ils sur Jéhovah ’ ?[13]
Si, contrairement à ce que continue à prétendre la Société Watch Tower, les “ temps des Gentils ” n’ont pas pris fin en 1914, cela signifie alors les nombreuses applications “ prophétiques ” actuellement enseignées et qui découlent de cette doctrine sont des preuves supplémentaires que la Société n’est toujours pas disposée à “ compter sur Jéhovah ”. À la lumière de tout ceci, et dans de telles circonstances, elle semble être assez mal placée pour encourager les autres à “ compter sur Jéhovah ”. Celui qui veut réellement compter sur Jéhovah ne peut pas se contenter d’attendre que les dirigeants de la Société Watch Tower y soient eux-mêmes disposés. Si, après avoir soigneusement examiné les faits, quelqu’un arrive à la conclusion que la Société Watch Tower a présenté – dans le cadre de sa chronologie –
un “ accomplissement ” manifestement arbitraire des prophéties bibliques à notre époque, cette personne doit alors renoncer à vouloir à tout prix imposer aux autres ces conceptions autoritaires et à les présenter comme des croyances auxquelles il faut impérativement adhérer. C’est à cette seule condition que l’on pourra dire de cette personne qu’elle
est prête à commencer à “ compter sur Jéhovah ”.
L’expulsion
Pendant plus d’un siècle, la Société Watch Tower a rempli les pages de ses publications d’abondantes et continuelles critiques à l’égard des erreurs et des mauvaises actions commises par les autres dénominations chrétiennes. Même si ces critiques ont souvent été d’ordre général et superficielles, elles ont assez fréquemment atteint leur cible. Les
publications de la Société Watch Tower ont souvent dénoncé l’intolérance dont les diverses églises ont régulièrement fait preuve envers leurs membres dissidents. La Tour de Garde du 15 juillet 1987, page 28, faisait ainsi remarquer : “ La chrétienté a eu ses fanatiques, depuis les individus qui s’immolaient par le feu en manière de protestation politique jusqu’à ceux qui traitaient avec intolérance les personnes dont les opinions religieuses différaient des leurs. ” Ce genre d’intolérance s’est exprimée lors de l’horrible Inquisition, établie au XIIIe siècle par l’Église catholique romaine, et qui dura plus de six siècles.
Le mot “ Inquisition ” vient du latin inquisitio, qui signifie “ recherche, enquête ”, et a été brièvement décrite comme “ un tribunal établi par l’Église catholique romaine afin de découvrir et de punir les hérétiques et les apostats ”.[14] Quelle était la situation du peuple
sous cette domination intolérante du clergé ? La Tour de Garde du 1er septembre 1989, page 3, explique :
Nul n’était libre de pratiquer le culte qui lui plaisait ou d’exprimer des opinions contraires à celles du clergé. L’intolérance des ecclésiastiques engendra un climat de crainte dans l’Europe tout entière. L’Église institua l’Inquisition pour faire disparaître ceux qui osaient la contredire [“ who dared to hold different views ”, éd. angl.].
Des déclarations comme celle-ci peuvent donner l’impression que la Société Watch Tower, par contraste avec l’Église catholique romaine du Moyen Âge, agit avec tolérance envers ceux de ses membres qui la ‘ contredisent ’, ou ‘ osent avoir des opinions différentes ’, et défendent leur droit d’exprimer des idées qui vont à l’encontre des enseignements de l’organisation. Le fait est, pourtant, que celle-ci adopte exactement la même attitude que l’Église catholique médiévale envers ses membres qui ont des idées religieuses différentes. “ Méfiez-vous de ceux qui cherchent à mettre en avant leurs opinions personnelles contraires à l’enseignement de l’‘ esclave [fidèle et avisé] ’ ”, disait en guise d’avertissement La Tour de Garde du 15 mars
1986, page 17. En réponse à la question de savoir pourquoi les Témoins de Jéhovah avaient “ exclu (excommunié) pour apostasie des personnes qui pourtant affirment croire en Dieu, à la Bible et en Jésus Christ ”, la Société Watch Tower avait répondu :
Ceux qui formulent une telle objection font remarquer que beaucoup d’organisations religieuses qui se disent chrétiennes tolèrent les divergences d’opinion. […] Cependant, ces exemples ne nous autorisent pas à agir de même. […] L’enseignement d’opinions dissidentes ou divergentes n’est pas compatible avec le véritable christianisme.[15]
La Société Watch Tower a même établi des tribunaux d’investigation semblables à ceux qu’avait organisés au Moyen Âge l’Église catholique romaine, avec cette différence essentielle que les “ comités judiciaires ” de la Société n’ont aucune autorité pour torturer physiquement
leurs victimes, ni le droit de le faire. Je savais bien que j’allais être mis à l’épreuve et expulsé par un tel “ tribunal inquisitorial ” à cause des conclusions auxquelles j’étais arrivé, à moins que je ne quitte l’organisation de ma propre initiative avant cela. Mais je savais aussi que dans les deux cas les conséquences seraient les mêmes.
Après 26 années d’activité comme Témoin de Jéhovah, j’étais maintenant prêt, en 1982, à quitter cette organisation. J’étais parfaitement conscient que cela signifiait que j’allais être complètement séparé de l’univers social qui avait été le mien pendant toutes ces années.
Les règles de la Société Watch Tower exigent que les Témoins de Jéhovah cessent tout contact avec ceux qui quittent l’organisation, que ce soit à la suite d’une excommunication ou d’un retrait volontaire. Je savais que j’allais non seulement perdre virtuellement tous mes amis,
mais aussi tous mes parents qui demeuraient dans l’organisation (au nombre d’environ 70, y compris un frère et deux soeurs avec leurs familles, ainsi que des cousins avec leurs familles, etc.). J’allais être considéré et traité comme “ mort ”, même si mon “ exécution ” physique
devait être reportée jusqu’à l’imminente “ bataille d’Har-Maguédôn ”, au cours de laquelle – selon les croyances des Témoins – Jéhovah Dieu doit détruire pour toujours tous ceux qui ne font pas partie de leur organisation.[16]
J’avais essayé pendant quelque temps de me préparer à cette rupture au plan émotif. Je projetais de publier mon traité comme un adieu public au mouvement. Cependant, je n’ai pas réussi à faire en sorte qu’il soit prêt pour la publication avant qu’une lettre datée du 4 mai
1982 ne me parvienne de la filiale suédoise de la Société Watch Tower. Il s’agissait d’une convocation à comparaître devant un “ comité judiciaire ” composé de quatre représentants de la Société, lesquels, selon la lettre, avaient été nommés pour “ se renseigner sur [mon]
attitude envers [les] croyances et envers l’organisation [des Témoins]”.[17]
Je comprenais que mes jours étaient maintenant comptés en tant que membre du mouvement, et que mon traité ne pourrait être prêt et publié à temps. Par une lettre adressée à la filiale, j’ai essayé de reporter la réunion avec le comité judiciaire. J’indiquai que, comme ils
le savaient parfaitement, le fondement de mon “ attitude envers nos croyances et envers l’organisation ” était en fait la preuve que j’avais présentée contre la chronologie de la Société, et que s’ils voulaient vraiment changer mon attitude, ils devaient commencer par considérer
le monceau de preuves qui lui servait de base. Je demandais donc que les membres du comité soient autorisés à examiner soigneusement mon traité, après quoi nous pourrions raisonnablement tenir une réunion qui aurait un sens.
Mais ni la filiale ni les quatre membres du comité judiciaire ne manifestèrent le moindre intérêt pour le genre de discussion que je proposais, et ne prirent même pas la peine de commenter les conditions que j’avais posées pour pouvoir me réunir avec eux. Ils se
contentèrent, dans un bref courrier, de réitérer la convocation pour le comité. Il semblait évident que j’avais été jugé par avance, et que le procès auquel j’avais été convoqué ne serait qu’une sinistre farce dépourvue de sens. J’ai donc fait le choix de ne pas m’y rendre, et
c’est donc sans avoir jamais comparu que j’ai été exclu le 9 juin 1982.
J’ai fait appel de cette décision dans l’espoir de gagner du temps. Un prétendu “ comité d’appel ” composé de quatre autres membres fut nommé, et j’ai de nouveau exposé par courrier les conditions que je jugeais être raisonnables pour pouvoir avoir une conversation qui aurait un sens. Cette lettre ne reçut pas la moindre réponse, mais le nouveau comité se réunit le 7 juillet 1982 pour un autre simulacre de procès tenu en mon absence. Comme prévu, le comité d’appel se contenta de confirmer la décision prise par le premier comité. Dans les deux cas, le seul point “ juridique ” pris en compte était le suivant : étais-je, oui ou non, entièrement d’accord avec les enseignements de la Société Watch Tower ? La question de la validité de ma position était tout simplement considérée comme hors de propos.
Les conclusions sont-elles une menace pour la foi ?
Comme nous l’avons montré plus haut, les conclusions auxquelles nous arrivons dans cet ouvrage renversent les principales positions et les interprétations apocalyptiques de la Société Watch Tower. Ces conclusions, toutefois, pouvaient provoquer une certaine gêne parmi les Témoins de Jéhovah, et les dirigeants de la Société craignaient qu’elles ne rompent l’unité de leur troupeau si on les propageait. Je savais très bien que les responsables de la Société interprétaient mes efforts comme une tentative pour détruire la foi et rompre l’unité de la “ véritable congrégation chrétienne ”. Mais la foi devrait normalement être en harmonie avec la vérité et avec les faits, y compris les faits historiques. C’est pourquoi j’étais confiant que la publication des faits sur ce sujet ne troublerait pas la paix et l’unité de ceux qui sont véritablement chrétiens. Parmi eux, l’unité véritable est fondée sur l’amour, car l’amour est “ un lien d’union parfait ”. – Colossiens 3.14.
D’un autre côté, il existe aussi une fausse unité, fondée, non pas sur l’amour, mais sur la crainte. Cette “ unité ” caractérise les organisations autoritaires, qu’elles soient politiques ou religieuses. Il s’agit d’une unité toute automatique, imposée par les dirigeants de ces organisations, qui veulent maintenir leur autorité et continuer à contrôler les personnes, une unité qui ne dépend pas de la vérité. Dans ces organisations-là, les individus abandonnent à l’autorité centrale leur droit et leur responsabilité de penser, de parler et d’agir librement.
Étant donné que les preuves et les conclusions présentés dans le présent livre renversent les déclarations autoritaires des dirigeants de la Société Watch Tower, il est possible que sa publication constitue une menace pour l’unité forcée qui existe dans cette organisation. Mais la véritable unité, fondée sur l’amour qui existe parmi les vrais chrétiens, ne sera certainement pas affectée par cet ouvrage, car ils sont “ en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ ”. – Jean 17.21-23 ; 1 Jean 1.3, Votre Bible.
Ainsi, même si les déclarations prophétiques et les interprétations de la Société Watch Tower s’avèrent être sans fondement, rien de vraiment valable ne sera perdu quand elles se dissiperont et disparaîtront. Un chrétien a toujours la Parole de Dieu, véritable source de
vérité et d’espérance. Christ est toujours son Seigneur, son unique espoir de vie future. En outre, il possède toujours la paix et l’unité chrétienne, qu’il partage avec le Père, avec Jésus Christ, et avec ceux qui, sur la terre, se révèlent être ses véritables frères et soeurs. Même
s’il doit être expulsé d’un système religieux autoritaire parce qu’il accepte ce qu’il sait clairement être vrai, Christ ne l’abandonnera pas, car il a dit : “ Car là où deux ou trois sont ensemble en mon nom, je suis présent au milieu d’eux. ” (Jean 9.30, 34-39 ; Matthieu 18.20, BS) La réponse à la question : “ Où irions-nous sans l’organisation ? ”, est toujours la même qu’à l’époque des apôtres, lorsque Pierre a dit : “ Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. ” (Jean 6.68) C’est le Christ, et non une organisation, qui a “ des paroles de vie éternelle ”.[18]
Au cours des années qui ont passé depuis que j’ai commencé mes recherches, j’ai fini par connaître, tant personnellement que par correspondance, un nombre croissant de Témoins de Jéhovah – occupant différents niveaux de responsabilité au sein de la Société Watch Tower
– qui avaient examiné soigneusement la question de la chronologie et qui, indépendamment de moi, avaient tiré les mêmes conclusions que celles qui sont présentées dans ce livre. Certains de ces hommes avaient combattu ardemment pour essayer de défendre la
chronologie de la Société, avant d’être obligés de l’abandonner à cause des preuves bibliques et historiques. Il y avait parmi eux certains des membres du comité de recherche de la Watch Tower qui avaient été désignés pour rédiger le dictionnaire biblique de la Société, intitulé Aid to Bible Understanding. Dans cet ouvrage, la partie traitant de la chronologie (pages 322 à 348)[19] est toujours la discussion la plus habile et profonde de la chronologie de la Watch Tower jamais publiée par cette organisation.[20] Celui qui a écrit l’article en question a fini par se rendre compte qu’il était impossible de continuer à prétendre que c’est en 607 av. n. è. qu’avait eu lieu la destruction de Jérusalem par les Babyloniens. Plus tard, il abandonna cette date, ainsi que les calculs et les enseignements qui s’y rattachent. Voici ce qu’il me confia dans une de ses lettres :
En développant le sujet de la ‘ Chronologie ’ pour Aid to Bible Understanding, la période néo-babylonienne, allant du règne du père de Neboukadnetsar, Nabopolassar, au règne de Nabonide et à la chute de Babylone, présentait un problème particulier. En tant que Témoins de Jéhovah, il nous intéressait évidemment beaucoup de trouver et de présenter quelques faits, même peu importants, pour soutenir l’année 607 av. n. è. comme date de la destruction de Jérusalem dans la dixhuitième année de Neboukadnetsar. Je savais parfaitement que les historiens désignaient toujours une date située vingt ans plus tard et qu’ils plaçaient le début du règne de Neboukadnetsar en 605 av. n. è. (année d’accession) plutôt qu’en 625 av. n. è., comme l’indiquaient les publications de la Watch Tower. Je savais que la date de 607 av. n. è. était cruciale pour l’interprétation que donne la Société des ‘ sept temps ’ de Daniel chapitre 4, car cette date mène à 1914 de n. è.
Nous avons effectué énormément de recherches. À cette époque (1968), Charles Ploeger, membre du personnel du siège de la Watch Tower, fut désigné pour m’aider. Il passa de nombreuses semaines à faire des recherches dans les bibliothèques de la ville de New York, essayant de trouver n’importe quelle source d’information qui pourrait valider la date de 607 av. n. è. comme étant celle de la destruction de Jérusalem. Nous nous sommes également rendus à la Brown University pour avoir une entrevue avec le Dr A. J. Sachs, spécialiste des textes astronomiques datant des époques néo-babylonienne et avoisinantes. Aucun de nos efforts ne nous a permis de trouver la moindre preuve pour soutenir la date de 607 av. n. è.
Au vu de tout ceci, en rédigeant l’article sur la ‘ Chronologie ’ j’en ai consacré une partie considérable à m’efforcer de montrer les incertitudes existantes dans les anciennes sources historiques, non seulement dans les sources babyloniennes, mais également égyptiennes, assyriennes et médo-perses. Bien que je continue à penser qu’un certain nombre de points présentés au sujet de ces incertitudes sont valides, je sais que l’argumentation est née du désir de soutenir une date pour laquelle il n’y avait tout simplement pas de preuve historique. Si, en fait, une preuve historique contredisait une déclaration explicite des Écritures, je n’hésitais pas à considérer le récit biblique comme le plus digne de confiance. Mais je réalise que le problème ne réside pas dans quelque contradiction avec une déclaration explicite des Écritures, mais avec une interprétation de certaines parties des Écritures, interprétation qui leur donne un sens que la Bible elle-même ne leur donne pas. Les incertitudes que l’on trouve dans des interprétations humaines valent certainement celles que l’on trouve dans les anciens récits chronologiques et historiques.[21]
Remerciements
Avant de conclure cette introduction, je voudrais remercier tous ceux qui, dans le monde entier, et dont certains étaient encore des Témoins de Jéhovah actifs à l’époque où je rédigeais mon traité, ont grandement contribué à celui-ci par leurs encouragements, leurs suggestions, leurs critiques et leurs questions. Je dois mentionner en tout premier
lieu Rud Persson, de Ljungbyhed, en Suède, qui participa à cet ouvrage depuis le tout début, et qui, plus que tout autre, m’a aidé sous ce rapport. D’autres amis venant du même milieu, tout particulièrement James Penton et Raymond Franz, m’ont énormément aidé à préparer
ce livre en vue de sa publication, en peaufinant mon anglais et ma grammaire.
En ce qui concerne la partie historico-idéologique (chapitre 1), mes contacts avec le Dr Ingemar Lindén, savant suédois, ont stimulé mon intérêt et ont été à l’origine de mes recherches dans ce domaine. Richard Rawe, de Salt Lake, dans l’État de Washington, aux États-Unis, ainsi qu’Alan Feuerbacher, de Beaverton, dans l’Oregon, également aux États-Unis (maintenant installé à Fort Collins, dans le Colorado), ont également fourni des documents importants pour cette partie. En ce qui concerne les chapitres sur la chronologie néo-babylonienne (chapitres 3 et 4), les contacts pris avec des autorités en matière de textes cunéiformes babyloniens ont été d’une aide inestimable. Ceci concerne particulièrement le professeur D. J. Wiseman, en Angleterre, qui est l’un des principaux experts de la période néo-babylonienne ; M. C. B. F. Walker, conservateur adjoint à la section des Antiquités Asiatiques Occidentales du British Museum, à Londres (maintenant à la retraite) ; le professeur Abraham J. Sachs, aux États-Unis ; le professeur Hermann Hunger, en Autriche, qui est – depuis le décès d’Abraham Sachs en 1983 – le principal expert des textes babyloniens rapportant des observations astronomiques ; le Dr John M. Steele de Toronto, au Canada ; et le Dr Béatrice André-Salvini, du Musée du Louvre, à Paris. Pour ce qui est des parties exégétiques, enfin (chapitres 5 à 7), certains linguistes et hébraïsants compétents ont bien voulu me faire part de leurs analyses, et tout particulièrement le Dr Seth Erlandsson, de Västerås, en Suède, les Dr Tor Magnus Amble et Hans M. Barstad, tous deux d’Oslo, en Norvège, ainsi que le professeur Ernst Jenni, de Bâle, en Suisse.
En tout premier lieu, cependant, mes remerciements vont au Dieu de la Bible, Celui qui, dans l’Ancien Testament et depuis l’époque de Moïse, porte le nom personnel de Yahvé ou Jéhovah, mais de qui nous pouvons nous approcher en tant que Père céleste depuis l’époque du
Nouveau Testament. Ces recherches ont été effectuées dans la prière, pour qu’il nous accorde aide et discernement. Tout l’honneur lui revient, car cette étude est entièrement fondée sur sa Parole de vérité. Bien que certaines théories et interprétations religieuses se soient révélées être insoutenables et aient dû être rejetées, sa Parole prophétique a été confirmée, encore et toujours, tout au long des recherches bibliques et historiques qui étaient en rapport avec le sujet de ce livre. En ce qui me concerne, cette expérience a renforcé ma foi et a été une
authentique et durable bénédiction. Je souhaite que le lecteur soit lui aussi béni comme je l’ai été.
Carl Olof Jonsson
Göteborg, Suède, 1982
Révisé en 1998 et en 2004
Notes
[1] Les expressions “ av. n. è. ” (avant notre ère) et “ de n. è. ” (de notre ère), employées par les Témoins de Jéhovah, correspondent à “ av. J.-C. ” (avant Jésus Christ) et “ apr. J.-C. ” (après Jésus Christ). On les trouve parfois dans les ouvrages d’érudition ou sous la plume d’auteurs juifs, mais sont systématiquement employées dans les publications de la Société Watch Tower, comme on pourra le voir dans les citations extraites de ces dernières. Pour des raisons d’uniformité, nous employons régulièrement dans cet ouvrage les abréviations “ av. n. è. ” et “ de n. è. ”, sauf lorsque nous citons des ouvrages qui emploient les expressions “ av. J.-C. ” et “ apr. J.-C. ”.
[2] Souligné par l’auteur. Lors de la discussion biblique matinale de la famille du Béthel le 17 novembre 1979, l’ancien président de la Société Watch Tower, Frederick Franz, affirma avec encore plus de force l’importance de la date de 1914, en disant : “ L’unique but de notre existence en tant que Société est d’annoncer le Royaume établi en 1914 et de faire retentir l’avertissement au sujet de la chute de Babylone la Grande. Nous avons un message spécial à délivrer. ” (Raymond Franz, In Search of Christian Freedom, Atlanta, Georgie, USA ; Commentary Press, 1991, p. 32, 33).
[3] La Tour de Garde, 1er janvier 1988, p. 10, 11.
[4] La Tour de Garde, 1er septembre 1985, p. 24, 25.
[5] La Tour de Garde, 1er juillet 1982, p. 27. Dans La Tour de Garde du 15 juillet 1992, page 12, ces dissidents sont décrits comme des “ ennemis ” de Dieu qui “ haïssent profondément ” Jéhovah. De ce fait, les Témoins sont encouragés à les ‘ haïr d’une haine totale ’. On retrouve cette exhortation dans La Tour de Garde du 1er octobre 1993, page 19, où il est dit que “ le mal s’enracine tellement en eux [les ‘ apostats ’] qu’il en vient à faire partie de leur constitution ”. Les Témoins sont même encouragés à demander à Dieu de les supprimer, imitant le psalmiste David qui pria ainsi au sujet de ses ennemis : “ Ah ! si tu voulais tuer le méchant, ô Dieu ! ” C’est ainsi que les Témoins “ laissent à Jéhovah le soin d’exécuter sa vengeance ”. Le fait de s’en prendre avec tant de rancoeur aux anciens membres de l’organisation reflète une attitude qui est exactement l’inverse de celle préconisée par Jésus dans le Sermon sur la montagne. – Matthieu 5.43-48.
[6] La Tour de Garde, 1er avril 1986, p. 30, 31.
[7] Les noms des rédacteurs des lettres provenant de la Société Watch Tower ne sont jamais indiqués. On emploie, à la place, des symboles à usage interne. Le symbole “ GEA ” dans la partie supérieure gauche de cette lettre indique que le rédacteur en était Lloyd Barry, l’un des membres du Collège central.
[8] Le symbole “ EF ” indique que le rédacteur de cette lettre était Fred Rusk, du Service de la
rédaction. L’intégralité de cette correspondance est consultable sur l’Internet à l’adresse suivante: http://user.tninet.se/~oof408u/fkf/english/corr.htm
[9] Mis à part mon traité, issu de l’intérieur du mouvement, Schroeder pouvait penser à deux publications qui attaquent la chronologie de la Société et dont les auteurs ne sont pas Témoins: The Jehovah’s Witnesses and Prophetic Speculation, de Edmund C. Gruss (Nutley, New Jersey, USA ; Presbyterian and Reformed Publishing Co., 1972), et 1914 and Christ’s Second Coming, de William MacCarty (Washington, D.C., USA ; Review and Herald Publishing Association, 1975).
[10] Abandonner le calcul permettant d’aller de 607 av. n. è. à 1914 impliquait également qu’il fallait abandonner les interprétations qui en découlent, comme par exemple la croyance selon laquelle 1914 a vu l’établissement du royaume de Dieu et le début de la “ présence invisible ” du Christ. Voici ce que disait La Tour de Garde du 15 octobre 1979, page 13 : “ Des gens qui méprisent la loi ont même essayé de s’introduire dans la vraie congrégation chrétienne en prétendant que la ‘ présence promise ’ de notre Seigneur n’aura pas lieu à notre époque. […] Ces gens-là figurent parmi ceux qui sont visés par l’avertissement de Jésus que Matthieu 7:15-23 nous rapporte en ces termes : ‘ Soyez sur vos gardes avec les faux prophètes qui viennent à vous en vêtements de brebis, mais qui au-dedans sont des loups rapaces. […] [En ce jour-là] à eux je confesserai alors : Je ne vous ai jamais connus ! Éloignez-vous de moi, vous qui agissez en hommes qui méprisent la loi. ’ ” Plus tard, La Tour de Garde du 1er novembre 1980, page 19, disait : “ Pierre parlait aussi du danger de se laisser ‘ entraîner ’ par certains membres de la congrégation chrétienne qui deviendraient ‘ moqueurs ’ en ce sens qu’ils feraient peu de cas de la réalisation des prophéties concernant la ‘ présence ’ du Christ et qu’ils imiteraient ceux qui méprisent la loi dans leur attitude envers ‘ l’esclave fidèle et avisé ’, le Collège central de la congrégation chrétienne et les anciens qu’il a nommés. ” [Souligné par l’auteur.] Voir aussi, dans le même numéro, le paragraphe 11 à la même page et le paragraphe 14 à la page 20.
[11] Spectrum, vol. 11, no 4, 1981, p. 63. (Ce journal était édité par les “ Associations of Adventists Forums ”, Box 4330, Takoma Park, Maryland, USA.) On lit de même dans le périodique Réveillez-vous! du 22 février 1985, page 4, qu’un tel comportement est le signe d’un “ esprit borné ”, et que “si nous sommes incapables de défendre les doctrines de notre religion, nous risquons d’en être réduits à nous répandre en invectives contre ceux qui les contestent. Nous ne leur répondrons pas par des arguments logiques, mais par des insultes et des insinuations malveillantes. Cela sent les préjugés et l’intolérance”. (Comparer avec Réveillez-vous! du 22 mai 1990, page 12.)
[12] The Watch Tower, 1er février 1916, p. 38 ; 1er septembre 1916, p. 264, 265 ; 1er juillet 1920, p. 203.
[13] Le temps est proche (vol. II de la série Études des Écritures, publié en anglais en 1889 et en français en 1903), p. 73-75 ; Le mystère accompli (vol. VII de la série Études des Écritures, publié en anglais en 1917, et en français en 1918 dans une édition partielle, puis en 1920 en totalité), p. 145, 200, 302 de l’éd. fr. de 1918, et 404, 542 de l’éd. angl. ; Millions Now Living Will Never Die! (1920), p. 97 ; The Watchtower, 9 septembre 1941, p. 288 ; Réveillez-vous !, 8 avril 1968, p. 19, 20 ; La Tour de Garde, 15 août 1968, p. 497, 498.
[14] Selon l’encyclopédie suédoise Nordisk Familjebok (Malmö ; Förlaghuset Norden AB, 1953), vol. 11, p. 35.
[15] A Sentinela de 1º de abril de 1986, págs. 30 e 31.
[16] As regras da desassociação (excomunhão) são abordadas, por exemplo, na Sentinela de 15 de dezembro de 1981, páginas 16-27, e na Sentinela de 15 de abril de 1988, páginas 26-31. Com respeito à destruição pendente do atual sistema mundial, A Sentinela de 1º de setembro de 1989 diz na página 19: “Apenas as Testemunhas de Jeová, os do restante ungido e os da “grande multidão”, qual organização unida sob a proteção do Organizador Supremo, têm esperança bíblica de sobreviver ao iminente fim deste sistema condenado, dominado por Satanás, o Diabo.”. (Compare também com A Sentinela de 15 de setembro de 1988, páginas 14 e 15)
[17] Il est probable que cette mesure a été prise à la demande du siège de Brooklyn. C’est ce
qu’indique Raymond Franz, qui a été membre du Collège central jusqu’au printemps 1980 ; il me dit dans une lettre datée du 7 août 1982 : “ Je suppose qu’il était en quelque sorte prévu que la Société prendrait des mesures contre vous. Dans mon propre cas, je pense que ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils n’entreprennent quelque chose contre moi, même si j’adoptais le profil le plus bas possible. Il ne fait aucun doute que, dans votre cas, la filiale a contacté Brooklyn et a reçu l’ordre de prendre des mesures. ”
[18] Lorsque la Société Watch Tower commente ce texte, l’“ organisation ” est substituée au Christ en tant que l’entité vers laquelle on doit se tourner pour trouver “ la vie éternelle ”. Voir, par exemple, La Tour de Garde du 15 mai 1981, page 19, et du 15 mars 1982, page 31.
[19] Il est question ici de l’édition anglaise. L’édition française, intitulée Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible, n’est qu’une traduction abrégée de l’ouvrage, et l’article sur la “ Chronologie ” ne comporte que 17 pages (279 à 295), soit 10 pages de moins que dans l’édition anglaise. – N.d.T.
[20] Aid to Bible Understanding a été publié intégralement en anglais en 1971. Une édition légèrement révisée en deux volumes a paru en 1988, édition dont la principale caractéristique nouvelle est l’ajout d’une iconographie en couleur (cartes, illustrations, photographies, etc.). Le nom du dictionnaire a cependant été changé en Insight on the Scriptures (Étude perspicace des Écritures en français), de toute évidence parce que les trois principaux rédacteurs, Raymond Franz, Edward Dunlap et Reinhard Lengtat, quittèrent le siège mondial en 1980, et que deux d’entre eux, Franz et Dunlap, furent exclus à cause de leurs idées divergentes. Dans Étude perspicace des Écritures, plus de la moitié du contenu de l’article original anglais sur la “ Chronologie ” a été supprimé (voir le vol. 1, p. 451-472). Le traité sur ce sujet envoyé au siège mondial en 1977 en est probablement la cause, ainsi que le fait que les dirigeants de la Société Watch Tower durent admettre la nature très fragile des prétentions de leur organisation.
[21] Lettre de Raymond Franz, ancien membre du Collège central, datée du 12 juin 1982.